Les enjeux de l’assurance 2026 en France : entre détente IARD, crise sociale et révolution IA
Le marché français de l’assurance aborde l’année 2026 dans une phase de profonde division. D’un côté, le secteur IARD (Incendie, Accidents, Risques Divers) s’assouplit, offrant des opportunités tarifaires. De l’autre, l’Assurance de Personnes (Santé et Prévoyance) fait face à des tensions structurelles croissantes. Ce paysage complexe est dominé par l’impératif d’intégrer l’Intelligence Artificielle Générative, qui s’impose comme un levier stratégique de performance et de maîtrise des risques.
Le marché IARD : l’heure de la conquête et des nouveaux risques
Le marché IARD est entré dans une phase de détente et d’intensité concurrentielle, créant un environnement tarifaire plus favorable pour les assurés. Les assureurs, désireux de conquérir de nouvelles parts de marché après des années de souscription stricte, se montrent plus agressifs sur les prix.
Cet assouplissement fait suite à une augmentation des primes courant en 2025, notamment du fait de l’impact croissant et du coût élevé des catastrophes naturelles et des événements climatiques.
La fenêtre d’opportunité tarifaire
La concurrence accrue se traduit par des conditions de renouvellement plus favorables pour les entreprises, en particulier celles présentant une bonne qualité de risque (sinistralité maîtrisée et prévention solide) :
- Dommages aux biens : les baisses tarifaires moyennes sont de l’ordre de 10 %, pouvant atteindre 25 à 30 % pour les risques peu exposés et non sinistrés (Note de conjoncture WTW – Septembre 2025).
- Cyber : cette branche confirme sa stabilisation et redevient attractive, facilitant l’accès à la couverture.
Les coûts cachés et la vigilance
Malgré cet assouplissement, des facteurs inflationnistes et de nouveaux risques nécessitent une vigilance accrue :
- Automobile et flottes : bien que l’assouplissement tarifaire soit généralisé en IARD, l’automobile est contrainte par la hausse des coûts de réparation. L’électrification des flottes est un facteur clé, le coût de réparation des véhicules électriques étant estimé 15 % supérieur à celui des véhicules thermiques (Verspieren – État du Marché de l’Assurance – Octobre 2025).
- Risque GEMP (Grèves, Émeutes et Mouvements Populaires) : l’impact des troubles sociaux récents en France renforce la nécessité d’une mutualisation. Un projet de financement public-privé de ce risque est à l’étude, pouvant impacter la tarification future via des surprimes obligatoires.
Assurance de personnes : face à l’absentéisme et à l’incertitude
Le marché français de la Santé et de la Prévoyance est soumis à des pressions structurelles qui le maintiennent dans une phase haussière durable.
- Prévoyance et absentéisme : l’allongement des arrêts de travail et le risque accru d’absentéisme (vieillissement, pénibilité) dégradent les résultats des assureurs. De plus, la récente baisse du plafond des Indemnités Journalières de la Sécurité Sociale (IJSS) depuis avril 2025 transfère une charge estimée entre 4 et 5 % de dépenses supplémentaires vers les régimes complémentaires (Note de conjoncture WTW – Septembre 2025).
- Santé et incertitude réglementaire : l’inflation médicale et l’incertitude planent sur les mesures gouvernementales visant à combler le déficit de la Sécurité Sociale, notamment une potentielle hausse de la Taxe sur les Conventions d’Assurance (TSA).
L’intégration de cette technologie représente un point d’inflexion stratégique qui redéfinit la manière dont les assureurs opèrent et créent de la valeur.
L’impératif technologique : la GenAI, vecteur de performance
L’Intelligence Artificielle Générative s’impose comme l’un des enjeux majeurs de l’assurance en 2026, agissant comme un levier de transformation d’une vitesse inédite et bouleversant les métiers, les systèmes d’information et les modèles de gouvernance. Passée du statut de simple promesse à celui d’impératif stratégique et opérationnel, l’IA a un double impact. D’une part, elle est cruciale pour la maîtrise du risque technique et l’optimisation des processus. D’autre part, l’IA est avant tout une solution IT, et son déploiement réussi, sécurisé et durable, doit être pensé comme tel. L’adoption de cette technologie est conditionnée par des défis de gouvernance cruciaux : l’assurance doit garantir la souveraineté et la sécurité des données via des architectures sécurisées ; ainsi que l’indépendance technologique en évitant la dépendance à un seul fournisseur. Finalement, si l’impact sur les SI est profond, le succès est avant tout humain et organisationnel, nécessitant l’implication et la formation des collaborateurs pour identifier les cas d’usage pertinents et piloter activement cette mutation. (Étude i3 / Master Club 2025)
En conclusion, 2026 marque un tournant pour le marché français : les entreprises ont une opportunité rare d’optimiser leurs programmes IARD. Cependant, elles doivent simultanément gérer la crise du coût de l’absentéisme et intégrer l’IA non seulement comme un outil, mais comme un véritable moteur de transformation organisationnelle.


